Pêche Associative : l’Aube d’un Changement ?

Pêche Associative : l’Aube d’un Changement ?
Le fonctionnement de la pêche associative en France ne manque pas de créer des polémiques sur les réseaux sociaux. Héras de la chaine Nervurax Fishing a tenu à nous clarifier certaines informations et surtout à expliquer pourquoi selon lui, il est important de se mobiliser ces prochains jours dans les urnes !

La pêche associative est un petit monde, secoué de nombreuses critiques depuis quelques années. A la faveur sans doute de la popularisation des réseaux sociaux en des temps qui ne nous rajeunissent plus tellement, et d’une anonymisation générale de la société, les protestations et autres attaques contre ce tissu associatif – pertinentes ou non, constructives ou non – vont bon train. Mais de tous ces râleurs anonymes qui émaillent les internets, combien savent réellement de quoi ils parlent ?

On pourrait se dire que caché derrière un pseudonyme, il n’est plus vraiment nécessaire de s’assurer de ne pas passer pour un idiot en racontant n’importe quoi, et force est de constater – sans vouloir fustiger tous ceux qui entendent bien profiter des outils technologiques modernes pour tenter de débattre – que le débat en question est régulièrement parasité par la méconnaissance des uns, voire la mauvaise foi des autres…

Sommes-nous vraiment à plaindre ?

Pourtant, le réseau associatif de la pêche en France a du bon – voire du très bon –, et les problématiques de son fonctionnement, comme c’est souvent le cas, ne sont pas irrémédiables et trouvent leur origine dans le fonctionnement de l’homme plus que dans celui du système. Logique, puisqu’après tout, l’homme bâtit des systèmes à son image… Mais que dit notre réseau associatif à propos de nous ? En France, la pêche est régie par des bénévoles passionnés qui investissent du temps et de l’énergie pour que les choses roulent. Si on peut constater dans ce mode de fonctionnement des limites parfois frustrantes – que ce soit par les abus de quelques indélicats ou la faiblesse des investissement personnels dans un contexte social ne favorisant pas la construction de grandes choses sur son temps libre –, force est d’admettre qu’il présente un avantage certain : les intérêts de la pêche sont déconnectés des intérêts financiers de sociétés à but lucratif.

Outre-manche, la pêche revêt un autre visage. On y trouve des pêcheries privées, où pour un prix annuel exorbitant, vous pouvez accéder à trois malheureux étangs. Faites trois kilomètres, il vous faudra vous acquitter d’une nouvelle redevance, sans garantie d’y trouver votre compte. Et n’espérez pas y écumer un domaine public à moindres frais : celui-ci n’existe pas. En Belgique, les gestions sont régionalisées, hermétiques et désorganisées. On pourrait imaginer un système plus simple, puisque l’échelle est plus petite, mais en réalité, il n’en est rien, et les intentions de la gestion se tiennent bien loin de notre gestion patrimoniale. En somme, les herbiers ne sont pas tellement plus verts ailleurs, et nous ne sommes pas si mal lotis.

Le caillou dans les waders…

Mais dans ce cas, « pourquoi tant de haine ? », me demanderez-vous… Pour en arriver là, il fallut bien qu’un grain de sable s’immisce dans les rouages de notre système associatif. Certes, ce grain de sable existe. Il n’est sans doute pas unique, et pour faire couler autant de pixels, sans doute en faut-il un certain nombre. Le premier que l’on cite volontiers, c’est un manque de communication de la part de nos instances – en particulier les plus hautes, donc la FNPF – qui appartient, je l’espère et je veux sincèrement le croire, au passé. Puis il y a ceux qui placent leurs intérêts personnels devant ceux de la pêche, et ceux qui défendent une pêche qui n’est pas la nôtre. C’est inévitable, car nous sommes aujourd’hui plus d’un million et demi à partager une passion, avec des maillots différents, et que dans le lot, il y a forcément quelques pommes pourries et, surtout, des courants de pensée divergents.

Alors que faire ?... Il faudrait trouver un moyen pour que les instances de la pêche reflètent la pensée de la majorité des pêcheurs, avec son opposition, des débats nourris et des conseils rassemblant les différents représentants de ces manières d’appréhender notre passion, de la défendre et d’en promouvoir les intérêts. En somme, il faudrait imaginer un système démocratique, où les pêcheurs éliraient leurs représentants – puisque nous n’avons pas tous le temps et l’énergie de nous investir – afin qu’ils portent leur voix au sein de nos instances. Mais attendez… C’est déjà le cas !

Les vraies voix du changement

Depuis début octobre et jusqu’à la fin de l’année se tiennent les assemblées générales électives des AAPPMA (Associations Agréées pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique), dont le rôle est de se trouver au contact des pêcheurs et des instances locales pour promouvoir et encadrer la pêche d’une part, et assurer la protection du milieu aquatique d’autre part. Un vote que beaucoup d’entre nous oublient. Les AG sont dépeuplées depuis des années, et c’est bien dommage. Car au nombre de ceux qui se plaignent d’être mal représentés, mal encadrés, de voir leur passion affublée d’une image qui ne leur correspond pas ou des milieux laissés à l’abandon et à la merci de toutes sortes d’actes négligents (voire malveillants), combien sont allés voter il y a 5 ans, aux dernières élections de leur association ? Combien ont présenté une liste et un projet cette année ? Combien savent le poids que peuvent avoir ces assemblées générales à tous les niveaux, de l’échelon local à la représentation nationale ?

Sans doute bien peu… Mais voilà comment les choses se passent en pratique.

Lors de l’assemblée générale élective sont élus le comité de l’association et son bureau. Ce sont les gens qui seront porteurs de projets et prendront les décisions. Ceux qui iront négocier avec les élus locaux, les entreprises, les riverains, pour que nous puissions pêcher dans des milieux respectés. Ce sont également eux qui organiseront une surveillance, se porteront partie civile dans les actions juridiques visant à protéger les intérêts des pêcheurs et des milieux aquatiques, et se retrouveront en première ligne face à toutes menaces, qu’elles soient politiques, environnementales, législatives… Ne pas s’en soucier relève donc au mieux de l’inconscience, au pire d’un je-m’en-foutisme teinté de nombrilisme.

Evidemment, d’aucuns argueront que « le problème vient d’en haut ». Si on veut que les AAPPMA soient efficaces et remplissent leurs rôles dans de bonnes conditions, encore faut-il que les instances dont elles dépendent leur en donnent les moyens, et développent un contexte favorable à leurs actions. Si l’argumentaire peut paraître cohérent – voire séduisant par le fait qu’il dédouane un bon paquet de pêcheurs – face à eux, je me verrai une fois encore forcé de m’inscrire en faux…

Les élus, ça remonte comme les saumons (à ceci près qu’ils ne sont pas au bord de l’extinction) !

Car c’est bien dans les AAPPMA – à l’échelon local et à la portée de chaque pêcheur – que tout prend sa source. Entre janvier et mars se tiendront les assemblées générales électives d’autres instances : les fédérations départementales. Si certains affirment qu’il est scandaleux que nous n’y ayons pas voix au chapitre, force est de constater qu’en réalité, ce n’est pas tout à fait vrai. Nous y sommes représentés de manière indirecte par nos AAPPMA. Dans les fédérations départementales, aucune élection de comité : les présidents des AAPPMA y siègent de droit, parfois accompagnés d’un ou plusieurs délégués élus au sein de leur propre conseil d’administration pour les associations comptant plus de 250 membres actifs. C’est donc une démocratie indirecte, avec ses forces et ses faiblesses, qui s’offre à nous. Elle demande moins de temps et d’investissement pour le pêcheur lambda qui n’a réellement besoin de participer qu’à une seule élection, mais préserve une représentation encore réaliste de ses attentes, puisque les « grands électeurs » proviennent d’un échelon local suffisamment proche du pêcheur pour que sa voix puisse être portée sans trop de problèmes.

Et suite aux élections fédérales départementales, de la même manière se tiendront celles de la FNPF, avant le milieu d’année prochaine. Nous avons donc en ce moment-même la possibilité de se présenter et de voter pour nos dirigeants, à tous les niveaux, pour les 5 ans à venir. Et au vu du contexte compliqué auquel les pêcheurs font face, entre un gouvernement et des instances législatives qui détricotent le Code de l’Environnement sur lequel notre avenir repose, les attaques de détracteurs tels que les animalistes ou encore la priorisation d’intérêts privés sur toute autre forme de bénéfice, nous avons fort à faire. Nos choix d’aujourd’hui sont cruciaux, et nous nous devons de les faire et de les assumer jusqu’en 2026.

Voir les problèmes (et les solutions) où ils sont vraiment…

Ceux qui pensent que nos instances ne font rien se trompent : elles jouent de multiples rôles, chacune à leur niveau, que ce soit dans le domaine halieutique, politique, juridique, écologique ou même scientifique (voir vidéo). Ceux qui pensent qu’elles font mal ont aujourd’hui la possibilité de changer les choses – ou les têtes –, en choisissant des représentants plus adaptés, voire en proposant un projet. C’est ce qui est beau avec ce système associatif : nous avons la possibilité de gérer la pêche pour la pêche, et non pour un collectif d’actionnaire ou un compte courant. Nous avons la possibilité d’organiser la protection des milieux aquatiques – plus communément appelés nos « spots » – indépendamment d’un intérêt pécuniaire, et à la faveur d’une passion que nous partageons tous.

Alors au diable les querelles de clocher et les diatribes stériles sur les réseaux sociaux. Aux urnes, citoyens du monde de la pêche ! Nous avons entre nos mains toutes les clés du changement que certains espèrent, puisque nous sommes tous membres actifs d’au moins une AAPPMA et avons, de facto, le droit de nous y exprimer !

Pour terminer cet article, je vous livre comme dans ma vidéo – complémentaire à cet article – une maxime, bouddhiste cette fois :

“La vigilance est le chemin du royaume immortel. La négligence celui qui conduit à la mort.”

Pensez-y lorsque vous verrez venir la convocation à votre assemblée générale, avant de la mettre à la corbeille avec les 54 spams supprimés plus tôt dans la journée…

Héras "Nervurax Fishing"