Vincent Torta, Capitaine IGFA à St Barth

Vincent Torta, Capitaine IGFA à St Barth
Où pêcher le Marlin en France à moins de 10.000 km ? On s'est dit que vous aimeriez bien préparer votre prochaine escapade au soleil, alors on a demandé au Capitaine Vincent Torta de vous mettre l'eau à la bouche !
Bonjour Vincent, peux-tu te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas ?

Je m'appelle Vincent Torta et je suis né à Pointe à Pitre en 1985. J'ai eu la chance d'avoir toujours été au contact de l'océan et la plupart de mes souvenirs se résument avec un fil de pêche à la main. Ma famille m'a toujours soutenu dans ma passion. Chaque voyage était pour moi l'occasion de découvrir de nouveaux poissons et d'autres passionnés qui m'ont pris en sympathie et m'ont fait découvrir leur passion et leur amour de la pêche.

C'est à l'âge de 8 ans que les choses se sont précisées vers la grande pêche au large. J'étais fasciné par ces gros moulinets dorés et ces bateaux aux allures de grands oiseaux marins avec leur tangons et leur batterie de cannes.

C'est Winston TURNEY, ami de la famille et fin pêcheur qui m'a fait vivre mes premières pêches au marlin et appris l'éthique.

À 9 ans et en Guadeloupe, j'ai pris mon premier marlin en tournoi selon les règles IGFA. Depuis ce jour, la recherche des poissons à rostres n'a été pour moi qu'une obsession.

On peut dire que Vincent Torta est tombé dans la pêche depuis tout petit

On peut dire que Vincent Torta est tombé dans la pêche depuis tout petit



Tu as perfectionné ta technique auprès des plus grands au point de devenir un expert reconnu de la pêche des poissons à rostres, peux-tu revenir sur ton parcours et tes expériences incroyables ?

J'ai poursuivis les marlins à travers le globe à la recherche de records en ultra-light. Ma voie était tracée. Je savais ce que je voulais faire de ma vie. Dès ma majorité, j'ai poursuivi mes études pour devenir Capitaine. Mes diplômes en poche, j'ai vécu ma passion en tant que marin sur à peu près tout ce qui flottait et qui pouvait me permettre d'approfondir mon apprentissage, ce qui m'a permis de rencontrer les grands de ce milieu.

Vincent avec un beau marlin rayé pêché en 6 lbs au Mexique

Vincent avec un beau marlin rayé pêché en 6 lbs au Mexique



Après 10 ans dans le cockpit et finalement prêt à prendre la barre, j'ai eu l'immense privilège d'être embauché pour skipper mon premier bateau. Un Garlington 61' assisté d'un MotherShip de 130' dans le seul but de pêcher des poissons à rostres. Durant cette expérience, nous avons parcouru la Caraïbe et l'océan Pacifique. Quelle joie de passer ce fameux Canal de Panama à la barre!

De tournoi en tournoi, ma compétitivité s'est aiguisée, nous vivions une grande aventure. Nous parlions Marlin, rêvions Marlin, pêchions près de 20 jours par mois dans les meilleurs coins de l'arc antillais. C'est toujours assez fou de ressentir après 25 ans de passion, la même sensation à chaque fois qu'un poisson apparait derrière les leurres.

Je suis aujourd'hui Capitaine d'un Custom 80' depuis bientôt 10 ans. C'est un bateau privé avec un programme plus simple. J'ai désormais posé mes valises à St Barthélémy et fondé une famille sur le spot de la Caraïbe qui n'a jamais cessé de me faire rêver, "Marlin Boulevard".

Garlington 61, le genre de bateau sur lequel Vincent skippe dans les meilleurs spots des Caraïbes et du Pacifique

Garlington 61, le genre de bateau sur lequel Vincent skippe dans les meilleurs spots des Caraïbes et du Pacifique



Quelle est ta pêche de prédilection et tes poissons fétiches ?

Celle du marlin bleu de l'Atlantique car on ne sait jamais si c'est un 100 ou un grander qui montera. Les conditions dans l'Atlantique sont toujours sportives comparativement aux mers calmes du Pacifique, ce qui rend la pêche d'autant plus sportive et spectaculaire.

Vincent au lignage d'un superbe marlin bleu

Vincent au lignage d'un superbe marlin bleu



Quel est ton meilleur souvenir de pêche ?. T’arrive-t-il de traverser des périodes compliquées et comment réagis-tu ?

C'est le 1er décembre 2017, soit 2 mois après le passage d'IRMA, l'ouragan le plus dévastateur que l'atlantique ait connu qui nous a rappelé à quel point nous étions petits. Lors d'une sortie au wahoo, j'ai eu la chance de toucher (et je pèse mes mots) ce que je pense être l'un des plus gros marlins bleus jamais rencontré. J'étais sur une petite coque Open de 25' par une mer miroir quand la rencontre a eu lieu. 12 heures de combat acharné et à 35 miles nautiques de la touche, pour se rendre à l'évidence, que le poisson était bel et bien plus fort que nous. Après une vingtaine de tentatives, de prises de bas de ligne, nous avons vraiment vu la taille de ce Marlin géant (Tutu) que j'estime a près de 2000 livres et qui a chèrement gagné sa liberté après toutes les tentatives possibles.

Je comprends alors que ces poissons ne laissent derrière eux que de belles histoires. Pour ma part, ma plus grande leçon d'humilité car tout ce que j'ai pu apprendre une fois de plus me rappelle que la nature n'obéit à aucune règle. C'est pourquoi, je me réveille tous les jours avec l'espoir de le revoir un jour...

La pêche du swordfish de jour est une expérience inoubliable que Vincent maitrise

La pêche du swordfish de jour est une expérience inoubliable que Vincent maitrise



Quelle est ta stratégie de pêche en fonction des saisons et des poissons recherchées ?

Le "Marlin Boulevard" est un vrai spot à marlins comme son nom l'indique. On peut le pêcher toute l'année même si la période de mai à septembre sont les meilleurs mois. 1 à 2 poissons sont une juste moyenne avec un poids moyen de 400 livres. Ici, la mer est souvent dure et la pêche en stand up rend la rend très sportive. L'été je pratique essentiellement la traîne avec plus ou moins de teasers selon les conditions car le Switch and Bait et ma vraie passion.

Mon spread se compose essentiellement de teasers. Nous pitchons des Spanish mackerel sur du Circle Hook en 50 et 80 livres en fonction de la taille du poisson. Tout mon matériel est custom, mes moulinets full de Backing et des Top Shot afin de ne laisser aucune place à la casse. Je ne laisse pas trop de place au hasard malgré le fait qu'a chaque sortie tout est possible. Ma remise en question est quotidienne.

Ici, comme ailleurs, je porte une grande attentions à la lune et au courant. La température de l'eau détermine le début et la fin de saison. L'hiver c'est une autre histoire. Malgré la possibilité de rencontrer un marlin à chaque sortie, je choisis de pêcher le wahoo. Les tombants autour de St Barth sont fabuleux et les spécimens de plus ou moins 100 livres sont monnaie courante. C'est une pêche excitante et pleine d'action où les 20 touches par jour sont une réalité.

Tout au long de mes embarquements, j'ai passé beaucoup de temps a prospecter  pour le xiphias. Dans mes débuts, seule pêche de nuit existait. C'est depuis une dizaine d'années que le Day Time est rentré dans nos têtes. Mais ici, ce n'est pas la Floride et c'est seul et sans aucune info que je m'y suis mis. La prospection nocturne a donné suite à des pêches diurnes. Difficile d'identifier les saisons et les habitudes de ces poissons que personne ne soupçonnait aux Antilles. Tout cela a fini par payer et la pêche de ce poisson trophée et devenue ma spécialité. 

À St Barth, les Wahoos atteignent des tailles impressionnantes comme ce spécimen de presque 100 lbs

À St Barth, les Wahoos atteignent des tailles impressionnantes comme ce spécimen de presque 100 lbs



Tu es donc maintenant installé à Saint Barthelemy. Vu de la métropole ça fait rêver. Quel type de prestations proposes-tu ?

Effectivement, St Barth est une île idyllique avec un panorama de cartes postales mais la mer y est formée 250 jours par an. Il faut avoir un bon pied marin mais la récompense est souvent au rendez-vous.

En parallèle de la pêche, nous proposons également un bungalow de charme pour tout pêcheur qui souhaiterait venir seul ou en couple.

St Barth est une destination idéale pour mixer pêche et vacances en famille

St Barth est une destination idéale pour mixer pêche et vacances en famille



Faisons rêver les amoureux de belle mécanique matériel. Parle nous de ton bateau !

J'ai la chance d'avoir mon propre bateau. Un Sea Hunter 35' Center Console; super équipé. Je met à disposition tout le matériel haut de gamme nécessaire à chaque technique.

La seule chose que nous ne faisons pas aux Antilles c'est lancer des Poppers.

Comment se déroule ta journée type ?

Ici les zones de pêche se situent à 1 bonne heure de navigation. La journée type débute au lever du soleil et les retours sont en fonction de l'activité. Je n'ai pas de montre à bord et s'il faut rentrer tard pour pêcher une bonne bascule de marées ou un spot éloigné, je suis toujours partant.

Mes clients sont rois à bord et je me plie toujours en quatre pour faire chanter le moulinet, enfin j'essaie.

De retour à quai, une bonne bière avec du bon poisson fumé par mes soins sont incontournables.

Je pratique tout style de pêche en fonction des rêves de chacun.

St Barth, c'est aussi de superbes sessions de pêche au Jig

St Barth, c'est aussi de superbes sessions de pêche au Jig



Tu évolues dans un terrain de jeu mythique pour les poissons à rostre. Pour autant, sens-tu qu’une certaine pression de pêche a impacté les résultats de la pêche sportive ?

Cette zone est mon jardin et comme partout pas mal de choses ont changé. L'abondance incontrôlable des DCP a désorganisé un écosystème millénaire et ce tombant mythique en fait les frais. Les pêcheurs professionnels ont fait des barrières de DCP jusqu'à 90 miles au large ce qui détourne les migrations des pélagiques dans leur seul intérêt. En saison, on peut toujours compter sur 1 à 2 marlins en moyenne contre 3 à 4 il y a une vingtaine d'années.

Les journées incroyables sont toujours d'actualité et la possibilité de rencontrer un gros fish est réelle à n'importe quel moment.

Comment les autorités Françaises valorisent-ils la pêche sportive dans les Caraïbes ?

Je dois déplorer un manque évident d'implication des Affaires Maritimes qui n'a pas compris l'attrait touristique et la nécessité d'avoir des bateaux adaptés à cette activité.

Un marlin vivant et relâché rapporte des milliers d'euros à une île touristique comme la nôtre (hébergement, consommation sur place, le bateau, équipage etc...).

Un marin mort ne rapporte qu'une centaine d'euros au pêcheur et sa valeur gustative est pauvre.

Tu parlais des DCP, qu'en penses-tu ?

Il est urgent d'avoir une gestion des DCP car ici chaque pêcheur en possède en moyenne une vingtaine chacun. Ce qui accumulé, disperse le poisson au lieu de le concentrer.

Tu as vécu les experiences les plus intenses. Beaucoup seraient blasés, et pourtant tu gardes la même envie de pêcher et de partager ta passion. Comment-expliques tu cela ? À quoi veux tu consacrer le reste de ta vie de pêcheur ?

J'ai eu la chance de vivre de belles années sur l'eau à vivre ma passion. Etant maintenant papa de 2 enfants, quoi de plus beau que de pouvoir enfin la transmettre.

J'ai aussi un rôle à jouer dans la préservation de la ressource qui m'a tant apporté. C'est à ça que je souhaite à présent me consacrer.

En devenant capitaine IGFA, Vincent Torta confirme son expertise et son respect de l'éthique de l'association

En devenant capitaine IGFA, Vincent Torta confirme son expertise et son respect de l'éthique de l'association



Merci d’avoir pris le temps de répondre à nos question Vincent et à très bientôt à St Barth!

L'aventure vous tente ? Contactez directement Vincent Torta pour réserver votre prochain séjour à St Barth !