Pêcher le Brochet (Esox lucius)

Julien Derozier avec un gros brochet Français
Tout savoir sur la pêche du brochet, roi des carnassiers d'eau douce !

🤓 Description complète du Brochet

Le brochet est reconnaissable à son corps allongé, recouvert de petites écailles.

Sa gueule est aplatie en forme de bec de canard. Elle représente ¼ de la longueur totale du brochet. Sa gueule est largement fendue et pourvue de multiples dents coupantes. Pour ceux qui aiment compter, il aurait 700 à 800 dents ! Sa mâchoire inférieure dépasse la mâchoire supérieure. À noter, 5 pores sensoriels sous les mandibules inférieures, nettement visibles notamment sur les gros sujets.

Il possède une seule nageoire dorsale située très en arrière en concordance avec la nageoire anale. La queue est légèrement fourchue.

Son volume est changeant, certains brochets sont très élancés et d’autres beaucoup plus courts et trapus. Cela ne tient pas forcément à leur biotope car ces deux formes opposées peuvent être observées au même endroit, sur le même poste.

Sa coloration est plus ou moins marquée. Un brochet qui vit sur des gravières risque d’être très clair tirant sur le jaune pâle. Ce n’est qu’un mimétisme car ce même brochet peut changer de teinte en quelques minutes (observation personnelle). Sa couleur de fond s’échelonne du vert olive au jaune orangé en passant par le brun et même le noir. Les flancs sont marbrés de tâches claires asymétriques et de zébrures plus ou moins sombres. Le ventre est blanc laiteux. Quant aux nageoires elles peuvent prendre une coloration rougeâtre. Elles sont également zébrées de sombre, phénomène particulièrement visible sur la queue et les nageoires dorsale et ventrale.   

🌍 Où pêcher le Brochet ?

On peut retrouver du brochet un peu partout dans l'hémisphère nord

Le brochet est une espèce mondiale et nordique.

Alaska, Canada, Europe, Russie, on le retrouve dans toutes ces eaux stagnantes et légèrement courantes. Il affectionne les lacs, étangs et rivières. Il peut affronter des courants forts mais aura ses aires de repos dans des endroits plus calmes.

Il a été introduit avec succès en Espagne. Aux USA, les brochets des territoires du nord, nothern pike, ont été également réintroduit dans les états du sud et sud-ouest. Le brochet est présent dans certains lacs du Maroc. Le brochet est également capable de s’adapter aux eaux saumâtres comme en mer Baltique, Suède, Finlande, Estonie. Ce contact avec l’eau salée et grâce à une nourriture plus riche lui permet d’atteindre rapidement des tailles et poids importants.

On notera que de par le monde il existe plusieurs variétés de brochet, Amérique du Nord, Asie et Europe. La plus récente a été répertoriée en France, en Aquitaine !

⚖️ Taille et poids du Brochet 

La taille maximum du brochet est l’objet de bien des délires et cela depuis plus d’un siècle ! Un délire de pêcheurs mais aussi de scientifiques. Il n’y a qu’à lire les livres spécialisés fin 1800 et début 1900 pour se rendre compte du fantasme exercé par la supposée taille maximum du brochet. Et de son appétit ! En fait la réalité est déjà bien impressionnante. On parle d’un brochet de 31 kg en Allemagne, poisson de 1,47m... Le lac Léman est probablement l’endroit où il s’est pris le plus de brochet de 18/22 kg. Mais les quelques prises exceptionnelles divisées par le nombre de pêcheurs, par jour, montre qu’une telle capture reste totalement inhabituelle.

Un brochet de 0,80 m à 1m est déjà un beau poisson qui fera entre 4 et 7 kg si le ventre est bien charnu. Avec 1,10 m le brochet arrive à la barre mythique des « 10 kg » toujours selon son tour de taille. Curieusement il est relativement « facile » de prendre un brochet de 1,10 m à 1,19m mais terriblement plus rare d’arriver à dépasser 1,20m.

Entre 1,20 m et 1,30m ce sont les monstres de la catégorie et la France est bien placée dans ce challenge. Le poids d’un tel poisson peut varier de 12 à 18 kg selon sa corpulence. Dépasser 1,30m et se diriger vers les 1,40m c’est unique, et c’est arrivé à quelques spécialistes du gros brochet mais aussi à quelques néophytes armés d’une simple cuillère... Certains coins d’Alaska, du Canada, de Mer Baltique, de Hollande, d’Espagne ou de Russie fournissent chaque année de très gros brochets. Reste que la prise d’un sujet de 1,20 m + est rare, quelque soit le pays.

🍎 De quoi se nourrit le Brochet ? 

Le brochet est un vrai prédateur, carnassier, omnivore et même cannibale ! Son menu potentiel est varié. Dans un ventre de brochet on peut trouver des poissons de toutes tailles. Il adore les alevins mais réagit sur des proies d’une taille élevée.

Au Canada j’ai trouvé deux brochets encastrés l’un dans l’autre. Ils faisaient tous les deux 70 cm et ils sont morts tous les deux, victime d’une gloutonnerie disproportionnée ! Le brochet est un cannibale, les gros sujets apprécient beaucoup les brochetons de 40/50 cm. J’ai le souvenir d’un brochet de 1,10m qui m’a pratiquement coupé en deux un brochet de 65 cm que je bagarrais. La colonne vertébrale était sectionnée et les deux moitiés tenaient par des bouts de peau et d’écailles, digne de l’attaque d’un barracuda...  Ce gros brochet devait être énervé par la disparition de son repas, au lancer suivant il a sauté sur mon leurre.

Dans l’estomac on peut trouver des écrevisses, un bébé poule d’eau, un rat, une grenouille, un petit canard ou quelques gros vers de terre ! Ce qui n’en fait pas un poisson aussi facile à prendre... Un brochet au repos peut être entouré de fourrage sans qu’aucune panique ne soit remarquée. Dans les vieux livres on peut lire que le brochet mange 5 fois son poids par jour !!! Une stupidité qui a conduit plus d’une société de pêche en France et même en Suisse à ouvrir le brochet pendant la reproduction, pour les tuer. Ou baisser artificiellement le niveau d’eau pour assécher des roselières au moment de la ponte, pour détruire les œufs. Alors que les eaux riches en carnassiers sont les plus poissonneuses, ce qui semble une évidence d’ailleurs...

Les gros brochets, comme les grosses truites ne font absolument pas obstacle aux autres poissons ni à leurs congénères. En aucune manière ils ne font le vide autour d’eux.

🌤 Les saisons pour pêcher le Brochet

Dans la plupart des pays, il y a une saison qui est liée à la reproduction et qui aboutit à une législation. Cette législation peut être franchement simple avec une date nationale pour l’ouverture et fermeture, comme en France. Voir assez complexe comme au Canada où il faut bien se renseigner sur chaque lac pêché. Prendre accidentellement un gros brochet pendant la reproduction n’est pas grave s’il est manipulé correctement, par contre c’est dommage d’en faire un but à une période où ils peuvent avoir des réflexes d’agressivité mais demeurent extrêmement fragile corporellement.

Chez nous, février, mars et avril sont des moments de reproduction. On observe un décalage certain entre les dates classiques d’il y a plusieurs dizaines d’année et celles d’aujourd’hui. De même, un lac et une rivière d’un seul département peuvent avoir deux mois de décalage dans l’établissement des frayères.

Côté pêche, tous les mois de l’année sont intéressants, surtout avec des leurres. Ne pas croire que le brochet est en léthargie lorsque les eaux sont glaciales. C’est soit-disant prouvé scientifiquement... Stupide. Moi je dis que c’est un des tous meilleurs moments, au leurre dur, dans les eaux vives et plus vers la surface que sur le fond ! Mais pas sur les postes d’été ou d’automne, il faut chercher ces spots d’hiver et c’est ça qui est captivant. Le nombre de fois où je suis obligé de casser la glace des anneaux en cours de bagarre, sur un très gros brochet ! C’est à contre-sens des idées préconçues et ça me plait ! Bref, les 4 saisons sont intéressantes avec des postes parfois spécifiques à une période.

🐟 Comportement du Brochet

Le brochet est réputé pour sa voracité

Le brochet a la réputation d’être solitaire... Une théorie trop souvent répétée et totalement fausse. Il est vrai que dans des cours d’eau très pêchés notre poisson adopte une attitude solitaire, probablement parce qu’ils sont peu nombreux et plus craintifs.

Sur des eaux qui ne subissent pas de réelles pressions de pêche, le brochet ne vit pas seul. Ils peuvent être plusieurs individus ensembles. Mieux, il arrive en dehors de la fraie que le brochet se montre grégaire. Je l’observe chaque année et curieusement à des périodes très variées. La raison m’échappe totalement, sauf que j’ai vu prendre 10 à 20 brochets de toutes tailles au même endroit, sans bouger de place. Oui c’est rare mais je dirais tous les ans je le vois ou un de mes amis fiables me le raconte. Pour illustrer ce phénomène, au Kazakhstan, en barque, à deux pêcheurs, sans bouger d’un centimètre nous avons pris près de 40 brochets de suite. Le plus curieux c’est que la veille ce poste était vide et le lendemain aussi...

Au Canada, sur des lacs perdus, il est possible de voir quelques dizaines de brochets ensembles et surtout d’apercevoir 2 ou 3 poissons d’un mètre positionnés l’un par-dessus l’autre. Hors saison de reproduction évidemment.

Le vent, la nourriture peuvent amener les brochets à ce comportement, à des endroits changeants. Il est toujours bon de le savoir. Il est probable que sur une petite rivière ou un étang ce phénomène soit rarissime mais certainement pas impossible sur un grand cours d’eau ou un lac.

Le brochet est taillé pour la vitesse mais façon sprint. Son démarrage foudroyant étonne toujours ! Il aime alors jouer de son mimétisme pour s’embusquer. Dans certains lacs un peu trop pêchés, le brochet peut prendre des habitudes plus en profondeur. Jusqu’à rivaliser avec des espèces dites « profondes ». Fini cette image du brochet vivant dans peu d’eau et dans des postes d’école. Il peut parfaitement se pêcher de manière pélagique, ce n’est pas la technique la plus amusante mais les surprises sont énormes !

En rivière, en pleine eau, il y a régulièrement un beau brochet à prendre. Il est également capable de descendre 300 m de rivière, avec du courant, pour aller chasser un ombre commun sur une gravière.

Malgré son appétit parfois féroce, le brochet sait se montrer indifférent à la nourriture et ce, pendant une période assez longue. Il y a donc des périodes fastes et d’autres plus compliquées sans que cela corresponde à une saison précise. Un étang à l’écart des chemins peut sembler vide pendant un mois et d’un seul coup délivrer une quantité de touche impressionnante. Le brochet est un atypique et c’est tant mieux pour nous !

🏠 Habitat & postes pour pêcher le Brochet 

L’immense changement qui a révolutionné la pêche du brochet, c’est le matériel en général mais c’est surtout une meilleure connaissance du poisson et de son approche.

Les théories d’antan qu’on nous rabâche sans cesse dans des livres et articles sont à oublier. Il faut sortir des idées reçues ! Le brochet solitaire actif en automne et dans les nénuphars c’est bien joli mais c’est simpliste et sans intérêt. Ce n’est qu’un poste, pas forcément le meilleur, parmi tant d’autres.

Si vous raisonnez sur un seul cours d’eau ou un seul spot, la tenue des brochets va se résumer à une ou deux observations. Lorsque vous pêchez le brochet un peu partout en France et dans le monde, votre vision est nettement plus large. Et des observations faites hors frontières peuvent vous aider considérablement.

Le poste idéal à brochet ? C’est entre 40 cm d’eau et 20 mètres ! C’est de l’eau calme et stagnante mais aussi des remous marqués et des zones de courants. C’est un arbre mort, une gravière, des herbiers, ce sont aussi ces sacro-saints nénuphars et des enrochements. C’est une remontée du fond, un banc vaseux, une cassure, une brèche. Une arrivée d’eau, une eau morte. Donc le poste parfait est susceptible d’être partout. En être persuadé est déjà un grand pas. Cela permet de ne pas tomber dans une routine qui vous fera éternellement pêcher les mêmes endroits.

Après c’est plutôt votre façon de pêcher qui va correspondre à une série de postes. Un ami adore pêcher profond, au souple. Moi je préfère les petites profondeurs et les leurres à bavette. Forcément nous ne pêchons pas des postes identiques. Si je me risque dans ses coins, je vais probablement mal les aborder. Et l’inverse est exactement pareil. De plus, les brochets sont amenés à bouleverser leurs comportements en fonction d’une météo qui change, d’une végétation qui mute et d’un envasement en progression. Le brochet peut vite s’adapter à de nouvelles conditions, à nous pêcheurs de faire de même ! Mais d’aborder une nouvelle zone sans aucun préjugé et en ne laissant passer aucun poste possible, voilà une séance de pêche qui frise la perfection.

🎣 Techniques & matériel pour pêcher le Brochet 

Quel que soit le leurre, faites preuve de tenacité pour faire mordre un gros brochet

Pour le brochet, je dirais qu’il y a la pêche au leurre et... c’est tout !

En pêchant au vif, le brochet qui a plus de chances d'engamer sera condamné. Le mort-manié est fastidieux et moins productif que le souple, quant à la traine, c’est purement alimentaire donc cela ne nous concerne pas.

Côté matos, un choix à l’infini côté leurres puis des cannes et moulinets ultra fiables. La tresse est un atout pour sa finesse et la transmission des touches les plus infimes. Quant au bas de ligne, le fluoro carbone a avantageusement remplacé l’acier bien qu’un acier souple ultra fin a encore une grande utilité ! Pour les hameçons triples et simples, je préfère ceux qui ont un ardillon peu marqué. Pour une relâche rapide et efficace.

🐝 Pêcher le Brochet à la mouche

La pêche du brochet à la mouche reste chez nous marginale. Peu de pêcheurs s’y adonnent dans les eaux du domaine public. Par contre à l’étranger c’est une technique appréciée et qui permet de faire quelques superbes pêches.

Pour les sceptiques, une mouche dans l’eau est un des meilleurs attractants pour tous les carnassiers du monde. Dans des eaux peu profondes, style pêche à vue, c’est un régal et c’est très instructif de voir comment un brochet s’approche de la mouche, la gobe et la recrache aussi vite ! Pour prospecter des herbiers et de l’eau claire il n’y a pas mieux. Une canne soie de 7 ou 8 et des streamers passablement fournis font l’affaire. Optez pour un bas de ligne acier fin, soit du fluoro de 60 ou 70/100.

Selon les profondeurs recherchées il y a la solution d’une soie plongeante, personnellement je n’aime pas. Il y a aussi la possibilité de plomber un peu plus l’imitation, c’est un peu plus dur à lancer mais c’est terriblement plus discret dans l’eau claire. Le Float Tube ou le kayak facilite la vie et l’approche de la bonne zone.

🐠 Pêcher le Brochet aux leurres

Il y a beaucoup de solution pour pêcher le brochet au leurres ! Je dirais qu’il y a 4 techniques qui se détachent. Les leurres souples, les leurres à bavette, les palettes avec les cuillères tournantes, ondulantes et spinners baits. Puis les «big baits» avec les swimbaits, Buster, Zalt et autres.

Bien sûr il y a d’autres leurres, des hybrides, il y en a à l’infini mais restons sur les familles nombreuses ! Et toutes ces familles de leurres permettent de pêcher de la surface jusqu’à une certaine profondeur. Le choix est énorme. Si vous entendez dire qu’une de ces familles de leurre ne donne plus rien c’est uniquement parce qu’elle est mal utilisée. Tout marche, dans de bonnes mains ! Et tout est médiocre lorsque la motivation n’est pas là. C’est aussi simple.

Pêcher le Brochet au leurre souple

Les leurres souples ont cet immense avantage d’être performants dans les plus petites tailles comme dans les plus grandes, avec une plombée importante ou extrêmement légère. Cette plombée peut être décalée pour un travail lent du leurre. L’armement peut être proéminent ou caché à la surface du leurre pour passer sans encombre dans les herbiers.

En bateau c’est une technique qui peut se faire verticale, surtout avec l’aide d’un sondeur. C’est un des rares leurres qui totalement statique peut provoquer de belles attaques. Couleurs, tailles, vibrations, solidités, il y en a pour tous les goûts. Les pêcheurs de gros brochets se délectent d’imitations de 25 à plus de 30 cm, ce qui implique un matériel solide et en puissance souvent disproportionné par rapport à la taille des poissons recherchés...

Et disons-le franchement, un bon leurre souple dans les mains d’un total débutant peut conduire rapidement à quelques prises. Il est clair que les leurres souples sont indispensables dans la recherche des brochets. Reste l’unique condition, celle d’aimer pêcher avec ces bouts de plastiques ce qui n’est pas vraiment mon cas... 

Pêcher le Brochet à la cuillère

Les palettes plus ou moins brillantes ou colorées font figure de pêche à l’ancienne en référence aux cuillères tournantes style Mepps de nos parents et grands-parents. Ondulantes, tournantes ou spinners, ces leurres sont souvent utilisés par défaut. Rien ne marche alors on essaye une cuillère.

Mais cette famille est également très technique, on ne pêche pas du tout de la même manière à l’ondulante, à la tournante et au spinner. Il faut un peu oublier ces trajectoires linéaires trop stéréotypées et apporter quelques maniements opportuns. Une cuillère prendra forcément du poisson et un monstre brochet sera toujours capable de succomber à un tel leurre ! Lorsque les eaux se teintes, une palette reste un leurre de référence. Les cuillères tournantes et spinners peuvent s’agrémenter d’un leurre souple, de bucktail ou de plumes. Des associations prometteuses qui appellent à des maniements plus recherchés.

Pêcher le Brochet au poisson nageur

Les leurres à bavette sont indissociables de la pêche au brochet. C’est cette catégorie de leurre qui a vu la plus belle évolution. En peu de temps on est passé du simple (mais bon) Rapala à une multitude de poissons nageurs performants de la surface à plusieurs mètres de fond. Toutes les tailles et tous les effets sont disponibles. Et surtout, certains se lancent vraiment très loin nous donnant la possibilité de prospecter des zones jusque-là inaccessibles du bord.

Pour pêcher plus en profondeur nous aurons le choix sur une bavette longue ou alors une bavette courte sur un leurre bien lesté. Et pour la surface les meilleurs se propulsent très loin avec la possibilité de faire du bruit à l’aide de billes ou préférer une nage plus silencieuse notamment sur les spots qui subissent une pression de pêche. Les leurres spécialisés pour la mer comme le BKS s’invitent astucieusement dans nos meilleurs choix.

Non seulement les solutions sont très nombreuses mais selon la façon de ramener le leurre, ces solutions sont encore multipliées ! De même qu’il faut trouver chaussure à son pied il est bon de trouver un leurre à sa main. Travail du leurre, vitesse de récupération, laisser couler le leurre, voilà des détails qui changent totalement la manière de voir un seul leurre. Et puis dans les tailles et les couleurs les choix sont immenses. C’est ma technique de base et j’aime les touches franches que cela procure.

Pêcher le Brochet au big bait

Les bigs baits sont tous ces leurres qui sont d’une taille inhabituelle et qui parfois sortent des catégories précédentes. Les pays nordiques nous ont ouverts la voie avec le Buster, le zalt et j’encourage les pêcheurs français à se pencher sur les magasins spécialisés pour le musky aux Etats Unis. Il y a là une mine de renseignements intéressants. Avec également des leurres purement « mers tropicales » notamment ceux que nous utilisons dans les eaux teintées. Car ils ont souvent la particularité de se travailler lentement et d’avoir une nage appréciée des gros brochets.

Plutôt que de conseiller un ou deux leurres précis, il est plus intéressant d’essayer soi-même quelques leurres étranges pour voir, juste pour voir. Et se faire une idée. Car comme je l’ai dit, nous ne pêchons pas tous de la même manière et ce qui réussit à l’un peut s’avérer catastrophique à un autre, ne l’oubliez pas ! Puis pour le fun, aller une ou deux fois en Suède ou Finlande pour mieux assimiler cette pêche au gros leurre. Les brochets de la baltique adorent !

🏆 La recherche d’un Brochet record

Un brochet métré est déjà un très bel exploit

La quantité de photos impressionnantes sur le net et dans les revues peut faire croire aux pêcheurs qui veulent se lancer dans l’aventure que la prise d’un brochet de 10 kg est facile. Même si certains en rajoutent en montrant tous les ans le même poisson sous des coutures différentes, d’autres doivent avoir des tendinites à force de présenter les brochets à bout de bras, il n’en reste pas moins qu’il se prend tous les ans un sacré paquet de très gros brochets en France et en plus, dans les eaux du domaine public !

Nombre de pêcheurs se sont spécialisés dans cet exercice et avec grand succès. Se fixer comme but la prise d’un brochet de 1,10m + est un superbe challenge personnel. En bateau comme du bord, c’est accessible chez nous ! Et nul besoin de fréquenter des étangs privés.

Chercher des leurres peu utilisés, trouver des postes et savoir les aborder, tester différentes manières de récupérer sa ligne, voilà un programme constructif. Et pourquoi ne pas s’adresser à un guide de pêche reconnu dans cette recherche, pour progresser. Cette traque peut prendre un an, deux ans ou plus, mais elle doit aboutir. En tout cas pour les plus consciencieux et les plus patients !

Dernier conseil, en cas de doute ou d’échec il faut s’ouvrir aux autres. Mieux vaut poser une question ou deux que de mettre en doute, c’est de loin la solution la plus prometteuse ! Prenez 10 vrais spécialistes du gros brochet en France, posez des questions et vous aurez un grand nombre de réponses différentes. Sur les horaires, sur les postes, bord ou bateau, sur la profondeur, sur le leurre miracle et sur la saison. Mais chacun sera perfectionniste dans son domaine.

📝 Anecdotes de pêche du Brochet 

France, printemps 2009. Matinée glaciale, le brochet vient d’ouvrir mais c’est la grosse truite que je cherche sur une gravière. Peu d’eau, je vois le fond presque partout. Et là devant moi, posé sur les galets dans seulement un mètre d’eau, un brochet immense, énorme, monstrueux ! J’ai ma canne à truite et ma tresse de 10/100. Je lance mon leurre, un X80 et je le fais passer devant sa tête. Il ne démarre pas, il ouvre sa gueule et sans affolement il gobe mon poisson nageur. Le combat est puissant, il ne doit pas dévaler à cause des arbres morts et des buissons. Il se contorsionne, parfois il plonge sa tête entière dans la vase, probablement pour se débarrasser du leurre... Impressionnant. Il est là, je n’ai jamais d’épuisette, je rentre dans l’eau pour l’amener dans mes bras ! Je le rate plusieurs fois, je suis tendu, conscient que c’est un record ! Je le tiens enfin et je comprends sa silhouette massive, c’est une femelle qui n’a pas encore pondu. Je la manipule délicatement, dans mes bras j’ai l’impression de tenir ma gamine ! Ce brochet fait 1,27m avec un tour de taille disproportionné : 0,66 cm ! Je prélève 2 écailles et je relâche la bête... Sa robe est d’une beauté extraordinaire. Il repart tranquillement, l’eau est redevenue calme, c’est fini. Au microscope cette écaille montre 15 stries marquées, peut-être 15 ans ? J’ai repris des brochets aussi longs mais jamais de ce poids. J’en ai pesé un à 16 kg+, celui-là était beaucoup plus lourd. 18 kg minimum...

Kazakhstan, 2 mai 2008. Première matinée de pêche avec Michel. On découvre ce pays de roselières, la rudesse des marins russes et l’incroyable densité de brochet ! A 11h30 on s’arrête, Vladimir a fait les comptes, nous avons relâché 102 brochets ! Pas croyable... Sans monstre mais avec de nombreux poissons de 80/90 cm. L’impression de pêcher une pisciculture ! On rejoint l’autre barque, à la tête de nos amis on devine la pêche. Mais dans quel pays on est tombé ?!!! Pendant 3 ans je retournerai avec des amis pêcher une semaine en ces lieux, avec toujours des résultats hallucinants ! Jamais croisé d’autres pêcheurs si ce n’est des bracos qui vont jusqu’à la mer caspienne pour les esturgeons. Camouflés, cagoulés, armés de kalashnikov sur leur bateau ultra puissant. Et l’hélicoptère de combat qui les cherche n’est jamais très loin...

Suède, Mer baltique, avril 2007.  Il y a juste 15 jours que la mer vient de dégeler. Des suédois se baignent... Tôt le matin, avec Mika nous prenons notre petit bateau pour une virée autour d’une multitude d’îles et îlots. Deux heures de navigation pour retrouver notre spot de la veille. C’est une pêche découverte car ici les infos sont rares et sans grandes saveurs. Une pêche prospection à l’instinct. Nos cannes sont armées de gros leurres, ici c’est le paradis des Buster, des Zalt et autres grands poissons nageurs. C’est un labyrinthe, des chenaux, des herbiers, des hauts fonds et un horizon toujours proche. D’entrée nous sommes dans l’action, notre option est bonne. Les beaux brochets sont actifs ! Parfois nous descendons sur une île pour une pêche du bord. Un régal. Ces brochets de la Baltique ne sont pas très beaux mais ils ont du caractère ! Nous relâchons des dizaines de poissons de 0,80 à 1 mètre. Pas de chance je décroche 2 sous-marins et Mika se fait exploser son bas de ligne en fluoro sur une poutre. Le soir, heureux et fatigués, nous rentrons dans un vent assez limite. Une pêche en eau salée, une pêche atypique. Ça été la dernière virée pêche de mon pote Mika...  

Canada, Yukon, juillet 2015.  Bivouac de rêve, tout au bout du bout d’une succession de lacs. Notre sympathique guide nous explique qu’ici personne ne pêche au lancer du bord. Les premiers tests juste devant notre tente ont été incroyables ! Des brochets en quantité, de belles tailles et pas très compliqués à faire mordre. Ce matin, Normand nous dépose à l’embouchure d’une rivière qui fait la liaison entre deux lacs. La première centaine de mètres de ce cours d’eau est un vivier à beaux brochets ! Pas d’affolement, nous ne sommes que deux, il faut être méthodique ! Commencer par faire les bords, puis lancer plus loin et finir par des leurres qui se propulsent à longue distance. Dans ma gamme de poissons nageurs il y a tout ça. Realis, K-Ten, X80 Magnum et surtout Vision pour passer juste au-dessus des herbiers. Un monstrueux aigle royal nous observe de la rive d’en face et s’énerve à chacune de mes prises ! Dans cette eau claire les brochets restent méfiants si nous ne faisons pas attention. Exploiter sa boite de leurre devient un jeu ludique ! Nous relâcherons des dizaines de splendides brochets et une paire de truites de lac bien larges. 4 heures après, Normand vient nous chercher, nous n’avons pas vu passer le temps...

✍️ À propos de l’auteur

Julien Derozier est un pêcheur aventurier qui a sillonné les 4 coins du globe à la recherche des plus beaux spécimens. Reconnu comme l’un des meilleurs guides de pêche francophones dans le monde, son sens de l’observation lui a permis de leurrer des milliers de poissons dans toutes les situations. C’est d’ailleurs son aptitude à noter méticuleusement tous les détails de ses sessions de pêche dans un petit livret qui a inspiré Grégory, co-fondateur de FishFriender, à imaginer le carnet de pêche intelligent qu’est devenu FishFriender. C’était il y a près de 25 ans, au confins de la forêt Gabonaise, au milieu des tarpons géants et des éléphants   

Aujourd’hui, Julien nous livre ses expériences, ses anecdotes et son analyse sur certaines espèces qu’il a côtoyées. Loin d’être exhaustive, son approche peut être complétée par vos propres expériences. Si vous pratiquez une autre technique, ou que vous avez pêché cette espèce dans d’autres contrées, n’hésitez pas à compléter ce dossier 

Et pour aller encore plus loin, explorez les milliers de prises enregistrées par la communauté sur l’application mobile FishFriender pour comprendre où, quand et comment pêcher le Brochet.